Face à la complexité croissante des systèmes d’information, de plus en plus de dirigeants se retrouvent confrontés à un choix structurant : faut-il recruter des compétences informatiques en interne ou externaliser les services informatiques auprès d’un prestataire spécialisé ? Longtemps perçue comme une simple question de coûts, cette décision est devenue un véritable enjeu stratégique.
Sur le terrain, ce dilemme dépasse largement l’opposition classique entre “faire soi-même” et “déléguer”. Il touche à la gouvernance, à la capacité d’anticipation et à la manière dont l’entreprise souhaite piloter son informatique dans la durée.
Un dilemme stratégique devenu central pour les dirigeants
Il y a encore quelques années, beaucoup de PME fonctionnaient avec un modèle simple : un salarié “un peu à l’aise avec l’IT” ou un prestataire ponctuel intervenant en cas de problème. Ce modèle a tenu tant que l’informatique restait un support secondaire.
Aujourd’hui, l’IT est au cœur de l’activité. Vente, production, relation client, facturation, conformité : tout repose sur des systèmes devenus critiques. Le choix entre externalisation des services informatiques et recrutement interne conditionne désormais la résilience et la capacité d’évolution de l’entreprise.
Externalisation des services informatiques : ce que cela implique réellement
Une logique de mutualisation des compétences
L’externalisation informatique repose sur un principe simple : mutualiser des compétences rares et coûteuses. Sécurité, cloud, réseaux, sauvegarde, supervision, conformité… Autant de domaines qu’il est difficile, voire impossible, de couvrir efficacement avec un seul profil interne.
En externalisant les services informatiques, l’entreprise accède à une équipe structurée, à des processus éprouvés et à une vision transverse acquise auprès de nombreux environnements clients.
Un modèle pensé pour la flexibilité et l’adaptabilité
L’un des atouts majeurs de l’externalisation réside dans sa capacité à s’adapter. L’entreprise peut faire évoluer le périmètre, renforcer certains volets ou réduire d’autres, sans engager de restructuration interne lourde.
Cette flexibilité est particulièrement précieuse dans des contextes de croissance, de transformation ou d’incertitude économique.
Recrutement interne : une solution souvent idéalisée
Le mythe du contrôle total
Recruter en interne est souvent perçu comme un moyen de garder la main sur l’informatique. Le collaborateur est présent, connaît l’entreprise et peut intervenir rapidement. Sur le papier, le contrôle semble total.
Dans la réalité, ce contrôle est souvent partiel. Aucun profil ne peut maîtriser l’ensemble des domaines IT actuels. Le risque est alors de créer une dépendance forte à une seule personne, avec une vision parfois limitée ou obsolète.
La réalité du quotidien pour les PME
Sur le terrain, le recrutement interne pose plusieurs défis : difficulté à recruter des profils compétents, coût salarial élevé, turnover, montée en compétence permanente, gestion des absences et des congés.
Dans de nombreuses PME, le collaborateur IT se retrouve isolé, absorbé par l’opérationnel et contraint de gérer les urgences au détriment de l’anticipation.
Comparaison terrain : ce que révèlent les situations réelles
Coûts visibles et coûts cachés
Comparer un salaire à une facture d’externalisation est trompeur. Le coût réel d’un recrutement interne inclut les charges, la formation, le temps de montée en compétence, le matériel, les outils et le risque de départ.
L’externalisation des services informatiques offre généralement une meilleure lisibilité budgétaire, en transformant des coûts imprévisibles en charges maîtrisées.
Continuité de service et gestion des absences
Un collaborateur interne peut être absent, malade ou quitter l’entreprise. L’activité IT repose alors sur une seule personne. À l’inverse, un prestataire externalisé garantit une continuité de service grâce à une organisation collective.
Capacité d’évolution et d’anticipation
Les environnements IT évoluent rapidement. Sécurité, réglementations, outils collaboratifs, cloud… L’externalisation permet de bénéficier d’une veille continue et d’un retour d’expérience élargi.
Un recrutement interne, aussi compétent soit-il, peine souvent à maintenir ce niveau d’anticipation seul.
Dépendance humaine vs dépendance organisationnelle
La dépendance est souvent évoquée comme un risque de l’externalisation. En réalité, la dépendance la plus critique est souvent humaine. Lorsqu’un seul collaborateur détient la connaissance, le risque est élevé.
Une externalisation bien gouvernée repose sur des processus, de la documentation et une organisation, réduisant ainsi les risques structurels.
Études de cas : quand le choix fait la différence
PME en croissance rapide
Une PME en forte croissance choisit de recruter un profil IT interne. Rapidement, le volume de demandes explose, les projets s’accumulent et la dette technique augmente. Le collaborateur s’épuise, les décisions sont retardées.
Le passage à une externalisation des services informatiques permet de reprendre le contrôle, de prioriser et d’absorber la charge sans freiner la croissance.
Entreprise stabilisée mais sous tension IT
À l’inverse, une entreprise stable, mais historiquement organisée autour d’un informaticien unique, subit un départ brutal. L’activité est immédiatement fragilisée.
L’externalisation apporte alors une sécurisation rapide, une reprise de la documentation et une remise à plat de la gouvernance IT.
Externalisation ou recrutement : une opposition dépassée ?
Vers des modèles hybrides plus réalistes
De plus en plus d’entreprises adoptent des modèles hybrides. Un relais interne assure la coordination et la connaissance métier, tandis que l’externalisation prend en charge l’expertise, la sécurité et la continuité.
Ce modèle combine proximité et robustesse, tout en limitant les risques de dépendance.
Le rôle du dirigeant dans l’arbitrage
Le véritable enjeu n’est pas de choisir entre externalisation ou recrutement, mais de définir un modèle cohérent avec la maturité de l’entreprise, ses ambitions et sa capacité de pilotage.
Conclusion : choisir un modèle aligné avec la maturité de l’entreprise
Externalisation des services informatiques ou recrutement interne ne sont pas des solutions universelles. Elles répondent à des contextes, des enjeux et des niveaux de maturité différents.
Pour les dirigeants, la clé réside dans une analyse lucide de la réalité terrain, loin des idées reçues. Un système d’information performant n’est pas celui qui coûte le moins ou qui est le plus internalisé, mais celui qui soutient durablement la stratégie de l’entreprise.





