Temps de lecture : 10 minutesJe suis un digital addict… Je me lève à 6h30, à l’aide d’une douce mélodie d’oiseaux sifflotant dans les sous-bois, sonnerie que j’ai trouvée il y a quelques jours à peine, je ne m’en suis pas encore lassé. Je suis fatigué, comme tous les matins. Je commence par prendre mon smartphone, ce téléphone intelligent devenu en quelques années mon « doux précieux ». Je coupe le son, puis retire le mode avion qui m’a permis de dormir sans trop en prendre plein la tête, je parle des ondes, je ne sais pas pour vous mais moi j’applique le principe de précaution. En quelques secondes à peine, la barre des notifications se remplit au rythme des bips et autres vibrations m’indiquant que j’ai raté quelque chose (d’important ?) pendant mes quelques heures de sommeil réparateur : des mails persos et peut-être quelques mails pros, des infos et des interactions avec mes amis sur Facebook, Instagram. Des messages et avis de connaissances professionnelles sur LinkedIn et des abonnements et abonnés sur Twitter. Enfin quelques actualités aussi, les news que Google aura choisies pour moi. Je vais regarder tout cela allongé dans mon lit, je dois partir à 7h30 pour être à 9h au bureau, ça va il me reste du temps et si je n’ai pas fini je pourrai toujours continuer pendant mon trajet, j’ai l’habitude maintenant de marcher le nez collé à mon écran, dans ma bulle, bien calé contre une porte de la rame d’un métro ou debout dans un bus. Nous autres les humains avons cette fantastique capacité d’adaptation, pour le meilleur et pour le pire… Dans ma journée je vais consulter mon précieux jusqu’à une centaine de fois, souvent moins de 30 secondes mais ce sera suffisamment long pour me faire sortir de ma tâche du moment et il me faudra en moyenne 25 minutes pour me relancer. Je le sais mais je n’arrive pas à faire autrement. Ajoutons à cela toutes les notifications de mon ordinateur et je passe ma journée à butiner d’un écran à l’autre, d’une info à l’autre. Je ne prends plus le temps d’aller voir mes collègues en face à face, sauf en réunion peut-être, et encore, bien souvent je reste collé à mes écrans sans vraiment écouter ce qui se passe autour de moi, dans la vraie vie, sauf quand je deviens le sujet. Je sens bien au fond que ce n’est pas idéal mais tout le monde fait pareil, mon boss et mon n+1 en premier alors pourquoi en parler ? N’est-ce-pas devenu le fonctionnement standard du monde actuel ? Plus tard dans la journée, quand j’aurai dîné en écoutant vaguement mes enfants, pendant que ma compagne consultera elle aussi son précieux, après deux ou trois épisodes d’une série Netflix regardés sur l’écran de mon ordi portable, allongé dans le canapé, casque sur les oreilles, je me glisserai sous la couette, tard, trop tard pour être en forme à 6h30 demain matin. Et sans doute que je gaspillerai encore de longues minutes, parfois une heure, à lire et interagir avec lui. Tant que je tiens ce rythme là tout ira bien… Quand tout a commencé Steve Jobs présentait son premier iPhone (l’iPhone 2G) le 9 janvier 2007, un an plus tard j’achetais l’iPhone 3G et je découvrais par la même occasion le principe des « apps », ces fameuses applications, dont le geek que j’étais encore à cette époque a très vite apprécié la simplicité de déploiement et d’usage. Je ne sais pas si à l’époque Steve avait eu la clairvoyance de ce que les smartphones allaient changer pour une grande partie de l’humanité mais onze ans plus tard il est indéniable qu’ils ont grandement participé à l’accélération de nos vies, avec leurs avantages et leurs inconvénients. Comment le smartphone a changé nos vies – Le point sur les [bad] pratiques En 2012, un cadre moyen recevait un volume d’informations 10 fois supérieur à ce qu’il recevait 15 ans plus tôt et ce même cadre produit environ 10% de données de plus chaque année. Etude OnePoll pour Mindjet. En 2014, d’après une étude de l’APEC, 33% des cadres français se déconnectaient rarement, voire jamais, en dehors de leur temps de travail. 63% déclaraient que cela perturbait leur vie privée et 60% que cela affectait négativement leur qualité de vie. Depuis quatre ans, la situation n’a fait que s’aggraver. 65% des français ont déjà utilisé au moins une fois leur smartphone au restaurant, en famille ou entre amis, et 7% le font toujours ou très souvent. De même, pendant une discussion en famille, 35% des français utilisent leur smartphone de manière occasionnelle ou systématique. Etude de l’Observatoire Deloitte – 2015. D’après une étude de l’IFOP pour Securex en 2016, 82% des cadres français jugent l’hyperconnexion comme négative voire anxiogène. Pour 48% des répondants, l’accès permanent aux communications professionnelles est perçu comme une source de stress. D’après le documentaire d’ARTE “Hyperconnectés : le cerveau en surcharge” de 2016, la seule gestion des mails représenterait jusqu’à 30% de la journée des salariés. Voir notre article de 2012 sur ce sujet : « Comment le mail peut tuer votre business ! » 9 travailleurs français sur 10 consultent leurs mails personnels au travail. Inversement, 78% consultent leurs mails professionnels en dehors des heures de travail. A noter que 64% consultent leurs e-mails en vacances, 62% devant la TV et 42% dans leur lit. Etude de la société ADOBE – 2016. 50% des français dorment avec leur smartphone allumé à proximité, c’est à dire avec le(s) réseau(x) connecté(s). Parmi ceux qui sont réveillés par un message, 92% assurent le consulter “toujours (ou presque), souvent ou parfois” et 79% disent “répondre aux messages dès réception”. Enquête INSV-MGEN par Opinion Way – 2016. Et la liste des études menées depuis dix ans sur l’hyperconnexion ne s’arrête pas là. Dans le graph Google Trends suivant, nous voyons la montée en puissance des recherches sur les mots clés « hyperconnexion » et « addiction + smartphone ». Avant 2010 il n’y avait pas de recherche sur ces mots. Et toi tu fais comment ? Je